samedi 14 novembre 2015

Attentats du 13 novembre 2015 à Paris: le temps de la cohérence, vite!


Le jour où les citoyens voudront réellement mettre fin à une certaine politique intérieure et étrangère qui les met en danger, je rentrerai volontiers dans le débat. En attendant, je ne participerai pas à une émotion collective sans lendemain (aussi respectable et légitime soit-elle) n’engendrant aucun lien de causalité entre nos actes et ce qui en découlent.

Nous – citoyens occidentaux élisant nos politiques qui décident de ces politiques étrangères néfastes -  avons co-créés un monstre là-bas avec la duplicité de certains pays moyen-orientaux. Nous – citoyens occidentaux élisant nos politiques qui décident de ces politiques intérieures – avons créés le désespoir et l’isolement dans nos contrées, conditions premières des voyages d’embrigadement. Nous – citoyens occidentaux élisant nos politiques qui décident de ces politiques intérieures – avons laissés se mettre en place des réseaux faisant la jonction entre le désespoir et l’isolement d’ici et le monstre que nous avons co-créés là-bas. Il est facile de pointer du doigt les politiques intérieure et étrangère de nos dirigeants, certes, mais qui a voté pour ces dirigeants ? Qui vote pour perpétuer ces politiques-là ? Qui s'abstient de voter, de manifester, d'exprimer son désaccord contre ces politiques-là? Notre responsabilité de citoyen est énorme. Le temps du silence est terminé.

Analyser les causes explicatives expliquant l’inexplicable est la seule voix du Salut. Nous ne combattons pas une armée, nous combattons des idées politiques qui vont à l’encontre de « nos valeurs universelles » (que nous n’appliquons que très peu au quotidien certes…). Des idées radicales qui se renforcent à chaque fois que nous utilisons la force depuis 2003. Faire la guerre contre une armée est une chose, mais faire la guerre à des idées disséminées dans les têtes de réseaux quasi-invisibles ne se résout jamais par la puissance. Au contraire, les dommages causés aux civils créent des ressentis, des vengeances, de la haine qui renforcent ces mêmes idées et facilitent le recrutement autour d’elles. Aujourd’hui, ces terroristes (des salafistes révolutionnaires extrémistes) sont passés d’une volonté de vengeance à la suite de nos actes à une réelle excrétion de ce que nous représentons en termes de valeurs par rapport à eux (libertés, égalité, participation citoyenne, plaisirs de la vie, etc.). Et même sur le terrain de la religion le dialogue de sourd est présent. Nous soulignons le verset promulguant la fraternité, ils sortiront un précepte radical et s’exclameront que tu n’as rien compris. Nous invoquons l’amour de l’humanité, ils répondent par l’amour fanatique de Dieu qui justifierait l'injustifiable et l'injustifié. Nous chérissons la vie alors qu’elle n’est que passage pour eux, futilité. Nous nous projetons vers le futur, ils évoquent la fin des temps… Tout ceci avec un dogmatisme et une intolérance effrayants. Nous ne les changerons ni par la force, ni par le dialogue.

Plus efficace serait de supprimer les moyens financiers que ces "illuminés" possèdent pour mettre en place leurs idées apocalyptiques sur un territoire. Qui les ont financés au départ et qui les finance aujourd’hui ? Pourquoi nos politiques – que nous avons élus - ont financés et armés directement et indirectement les rebelles contre Bachar Al-Assad et pour quels résultats (cette question se pose également pour l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, le Mali...) ? Comment traitons-nous avec ces États et ces familles richissimes du Golfe qui financent les rebelles pour des raisons géopolitiques et géostratégiques ? Sommes-nous prêts à baisser notre propre niveau de vie ici en coupant les ponts avec l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweit, etc. ? En résumé et pour exemplifier de façon caricaturale, es-tu prêts à payer ton essence 10 euros le litre à la pompe de la Porte de Clichy pour sauver des vies au Bataclan...? Es-tu prêts à supprimer 500 emplois dans l’industrie de l’armement - dont le poste d’un membre de ta famille élargie – en conséquence de l’arrêt de l’exportation d’armes dans la région moyen-orientale ? Es-tu prêts à arrêter d’applaudir un but du PSG alors que le compte débiteur des salaires de leurs joueurs est potentiellement le même que celui qui financent l’Etat Islamique formant les prochains terroristes parisiens qui se feront exploser à côté du stade…? Ce sont ce genre de questions que nous devons nous poser à notre échelle et mettre ainsi nos actions face à notre conscience.

Nous avons commis beaucoup d’erreurs, nous n’avons jamais appris de celles-ci, l’Histoire étant le perpétuel recommencement des mêmes erreurs humaines. Voici la tragédie de l’Homme moderne. Il est grand temps de mettre en cohérence nos idées, nos valeurs, nos actes et nos politiques. Cela passe par se regarder dans une glace sans filtre enjoliveur, ne point cacher cette explication qui dérange et faire des choix. Des choix non pas d'utilité mais de valeurs, non pas bénéfique à court-terme mais à long terme et en prenant en considération les répercussions lointaines autant que celles à proximité. Résistons à la pensée simpliste, battons-nous pour un autre monde et matérialisons-le au quotidien.

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