mardi 7 juillet 2015

Non au référendum de la Grèce J+1: et maintenant une sortie de l'euro?

Nous sommes à un moment de l'Histoire épique où le jeu de dupe entre l'Eurogroupe, la BCE et les dirigeants politiques grecs va cesser sous peu. Personne ne voulait prendre la responsabilité historique de soit sortir de l'euro, soit pousser l'autre à sortir de l'euro. Pourtant, il n’aurait fallu que courage et lucidité pour utiliser cette moins mauvaise solution pour les plus sceptiques, la seule solution selon mon avis. Elle aurait dû être prise en 2011, cela aurait coûté moins cher aux Grecs que ces programmes d’austérité qui ont ruiné les salariés (baisse des retraites, licenciements, pression sur les salaires, baisses des prestations de santé, augmentation de la TVA à la consommation, etc.) et vilipendé les actifs de l’Etat (privatisation ou vente d’à peu près tout ce qui existe de public en Grèce, même certaines îles !).

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Euro: La lente fin d'une utopie?
Dorénavant, dans les négociations, la Grèce a repris la main. L'Allemagne va devoir bouger, la Chancelière a promis à son peuple de récupérer l'argent prêté à la Grèce, elle a menti, elle est au pied du mur. La Grèce, quant à elle, on peut s'attendre à ce qu'elle continue simplement d'affirmer vouloir renégocier sa dette tout en restant dans l'Eurozone, ceci jusqu’à ce que l’Eurogroupe et la BCE la mette dans l’impossibilité d'éviter de réémettre sa propre monnaie, car les distributeurs des banques seront fermés depuis quelques jours bloquant le pays. La Grèce sera sortie de l’euro non pas par son initiative, mais par l’absence de flexibilité de l’Eurogroupe, de la BCE et de l’Allemagne (par son poids relatif sur ces institutions). Ainsi, la Banque de Grèce va probablement reprendre le relais. La Grèce aura pendant un temps deux monnaies en circulation, elles se ressembleront, l’euro et le retour de la « futur drachme »; simplement le design d’un euro sans la « frappe euro », car il n’est pas possible dans un temps si court de réinventer une monnaie. Elle va dévaluée sa monnaie, l’inflation va augmenter, cela va coûter "un peu" cher aux Grecs, comme cela a coûté jadis aux Islandais. Mais à moyen terme, elle aura une perspective meilleure. De toute façon, c’est soit mourir à petit feu, soit se préparer à une très grosse secousse économique, mais la fierté retrouvée et l’espoir d’un lendemain meilleure.


Si tel est le cas, l’Union Européenne aura ouvert la voie de la sortie de l’euro, d’autres s’y engouffreront bientôt, mais dans la douleur économique, la rage du citoyen, les émeutes et peut-être le renversement de pouvoirs (soit dans les urnes, soit dans la rue...). Á moins qu'Angela Merkel, dans un souffle de lucidité, décide de lâcher du leste sur les programmes d’austérité grecs, de restructurer ou d'annuler sa dette, de rehausser les salaires en Allemagne provoquant une hausse de la demande intérieur et ainsi un rééquilibrage des balances courantes entre l’Allemagne et ses « colonies » européennes. Sacrifier sa carrière politique pour sauver l’Europe, c’est beau Mme Merkel, elle finirait au Panthéon…

Autrement, la Grèce, elle, sera enfin libre, de reproduire sa monnaie propre, de l’adapter à son économie, et qui sait peut-être ira-t-elle jusqu’à ne plus emprunter sur les marchés financiers; retour dans les années 70 où les banques nationales prêtaient à taux zéro à l’Etat (Trésor public). On en oublierait presque que cela a existé, n’est-ce pas? Et puis changeons de focale, la « peur de sortir de l’euro » ? Demandez à un économiste américain ou japonais ce qu’il pense de l’euro, vous recevrez un rire à la figure... Pourquoi la zone euro est bientôt la dernière encore en récession aujourd’hui à la suite de la crise financière de 2008? Les Américains et les Japonais, plus endettés que les Grecs (en volume total), vivent-ils sous pression étrangère ? Non. Ils gardent une marge de manœuvre en termes de politiques monétaires. Qui réellement croit encore en la pérennité d'un projet de mise en place d'une monnaie unique avec 27 pays dont les politiques économiques, les salaires, le tissu d’entreprise et le niveau de vie sont si différents… ? Des illuminés. Donc, 24 heures après le dépouillement du référendum, ce non est, encore et toujours, un acte de résistance lucide et clairvoyant. N'en déplaise à certains éditorialistes chantres de l'eurocratie...

Nour El Mesbahi

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